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TOP10 - Texte en français: FR015

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Merci Hao !



Cette histoire que je vais vous raconter c’est la mienne, elle est brut de décoffrage, je n’ai jamais pris le temps de l’écrire car c’est ma remise en question. Je profite de ce concours littéraire pour vous narrer ma bascule, dans les mots qui furent les miens hier, mais aussi avec ceux que j’ai désormais appris à apprivoiser. Tout au long de ma jeunesse j’ai cherché un appui, et puis, au moment le plus dur de ma vie il s’est révélé, c’était celui sur lequel je comptais le moins.


Ce matin de février, on devait être jeudi car on avait cours d’histoire :

- « Tarik Naoufil» ?

- « Oui, j’suis la ! »

- « Landry N’guémo ?»

- « … »

- « LANDRY N’GUEMO ! »

- « Au calme m’sieur, j’suis la ! »

- « Hugo N’guyen ? »

- « Yes my man! »


Les cours de Mr Lepoutre, on n’en avait rien à foutre. Au fond de la classe nos places étaient réservées, une sorte de hiérarchie s’était lentement établie, les derniers étaient les premiers. Le prof, lui, c’était une épave, au début de l’année il nous avait encore rejoué le même sketch. Pour lui c’était une mission commando, il prenait une allure droite et martiale et essayait d’en imposer dès le départ. Chaque jour il se tenait debout, seul devant nous, droit comme un ‘i’, son pantalon remonté jusqu’aux cotes et le regard en fusil. Landry et moi on le connaissait bien, il nous faisait surtout pitié, on savait bien que lorsqu’on le renvoyait dans ses cordes, il rougissait comme une tomate. Entre lui et nous un accord informel existait, il nous laissait discuter, et nous on lui permettait de faire son cours sans trop de grabuge.


Le temps où on prenait notre pied à bordeliser [1] était derrière nous, c’était un jeu de gamin ! On était maintenant en terminal et on raisonnait de manière plus pragmatique. Landry et moi répondions toujours ‘présent’ aux cours de 8h30, on en profitait pour tranquillement compter les barrettes[2] qu’on devait écouler la journée au lycée. Aux yeux des profs on passait en plus pour des bons élèves, tous avait notifié nos efforts de comportements, et ce, même si on venait toujours pas l’après-midi. On tapait des bonnes notes, on faisait du fric, c’était la routine dans ce bon vieux bahut.


En vérité, j’aimais bien l’école, le cours d’histoire surtout, c’était le plus polémique et parfois ça partait en vrille. Lepoutre, lui au milieu de tout ce chaos essayait de réguler les passions. C’était le seul qui défendait la France face à son histoire, courageusement il montait au front contre une armée de moudjahidines et de tirailleurs, c’était l’heure ou se réveillaient les consciences, ou se révélaient les combattants et les révolutionnaires de tous les horizons. Et Lepoutre, malgré tout, après toutes ses années, il était encore là, en première ligne, j’ai encore du mal à me l’expliquer aujourd’hui.


Lorsque ce fut au tour de la guerre du Vietnam d’être passé au crible, je suis resté indifférent, je n’ai pas pris la peine d’intervenir, pourtant tous mes camarades guettaient ma réaction. En réalité je n’avais pas de munitions, j’ai toujours été spectateur de ma propre origine, en plus je suis blanc, et pour mieux vous expliquer, ma véritable nationalité c’est la cité. C’est comme ça que ça marche ici, on construit tous nos barbelés. Les tours et les barres forment ma citadelle, la réputation quant à elle se forge jusqu'à devenir une armure.


Dans la cours, à la récré de 10h00, tous les petits détaillants [3] se rejoignaient toujours au même endroit : au bunker. C’était une place discrète mais visible, accessible et connus de tous, en fait c’était derrière le mur. On roulait des joints sur nos barrettes à vendre, c’était du luxe. On était une communauté soudée, aux antipodes de l’individualisme à l’occidentale. On avait tous notre petite clientèle attitrée, fourguer quelques grammes nous rapportait de quoi être indépendant. Certains roulaient déjà en voiture, on s’achetait des fringues et on mangeait au kebab tous les midis. En fait, on se payait du bon temps à peu de frais, parfois même à crédit. Certain avait déjà des envies de plus grand mais ça c’est encore une autre histoire !


Moi j’avais 18 ans depuis peu, des dollars pleins les yeux, et a l’instar des autres la galère comme quotidien. Nos origines étrangères nous différencient comme nous rassemble, une unité de condition bien étrange et contradictoire ! Ensuite c’est le coffre ; chacun a plus ou moins de hargne en lui selon son histoire de vie. Certain puise leur révolte à cause de la condition réservé à leurs parents, le schéma ici récurrent ; toute sa vie papa travaille à l’usine puis finit ségrégué dans la cité. Pour beaucoup c’était aussi la nécessité ! Moi ça n’a jamais été mon cas, Ông ngoai était médecin et ma mère survenait à mes besoins. Ma problématique était plus complexe, je devais trouver ma place dans cet univers nébuleux. En vérité je me cherchais une identité.


Notre bizness marchait bien, on achetait quelques kilos de haschisch de bonne qualité à la famille Diarra grâce à Clinton, le grand frère de Landry. Ses connexions nous permettaient de faire des commandes en gros à des tarifs allégés : 2500 euros le kilo. De la bienveillance n’y comptez pas, les intérêts prédominaient déjà. La brutalité, la lâcheté et l’intolérance, tous les vices s’exacerbent frénétiquement jusqu'à devenir une normalité. Tous les trois on prenait deux ou trois lourd [4] par mois, on bazardait des savonnettes [5], on détaillait au maximum. On prenait tous les risques et ça c’était le bon vieux temps, on se lassait jamais de compter les billets. On émargeait chacun à quasi 1000 euros cash par mois, et même avec ça Clinton s’autorisait encore quelques extras. Sans conteste c’est lui qui nous a foutu dans la merde, après six mois il s’est fait serrer au volant d’un cabriolet avec dans sa poche 5 grammes de CC [6]. Cette histoire c’est le lendemain qu’on l’a apprise, à cette fameuse récré matinale. Lorsque Landry et moi avons aperçu Geremi, le pote bledard [7] de Clinton, entré dans l’établissement, on a tout de suite su que c’était pour nous. A ce moment là on a tout compris, que tout le système était fini, et pourtant on sous-estimait encore largement les conséquences.


En général, la dégringolade ne prévient pas, c’est ce qui m’est arrivé ce matin la. A l’instar de Jean Batiste Clamence, dans La chute de Camus, mes croyances se sont vite révélées absurde et vide de sens, il est ensuite trop tard pour la prise de conscience. Lorsque Clinton s’est mis à table, il a tout balancé, les flics ont alors perquisitionné chez les N’guémo aux aurores, c’était la procédure classique. Ils ont même trouvé notre cache dans le local à vélo, il y en avait pour encore au moins 3.000 euros. Landry, lui, n’était pas au courant, il avait passé la nuit chez un ami à nous, Benjamin. Au final lorsqu’on apprend la nouvelle, ce n’est pas à l’argent qu’on pense, c’est tout de suite aux poursuites judiciaires. En cours de français on était tendus comme jamais, livide, on s’attendait même à que les flics déboulent à chaque instant. On est bien loin des films de Scorsese et Coppola, nous on brassait des brousoufs [8] et je me suis jamais senti l’âme d’un caïd. Plus tard, au contact des autres, à Paris, j’ai compris que c’était beaucoup, mais à ce moment présent je ne comprenais pas les enjeux. Tout le monde faisait ça et c’était normal.


Après les cours je rentrais à l’appartement pour manger, j’avais une grosse boule dans l’estomac, ce jour la ma mère ne travaillait pas. A mesure que je remontais les escaliers de l’immeuble je sentais l’odeur du riz et du ngoc mam s’intensifier. Cette odeur culinaire embaumait les espaces collectifs bien plus que les autres tajines et mafés, son odeur est en effet bien plus épaisse. Le Thit kho est le plat du pauvre au Vietnam, et il tient bien au corps. Ma mère, par gout de l’économie, en a petit à petit fait notre graille familial presque quotidienne, d’après elle plus on le fait mijoter meilleur il est. C’est le repas que son père lui cuisinait, avant, il est noté dans les moindres détails dans son carnet à cuisine. Elle envoie souvent mon frère acheter un kilo de poitrine de porc à la boucherie halal, puis à grand renfort d’ail, d’échalotes, d’œufs durs et de sauce au poisson pourri, elle fait mitonner la marmite. Pour les invités elle retire le gras, mais pour nous, elle nous explique que c’est meilleur avec.


Je n’ai pas le temps de rentrer dans le couloir qu’elle me stoppe face à elle, bouche bée face à son air austère, je pige qu’elle va me rentrer dans le lard, l’escalade des emmerdes débute, et c’était prévisible. Elle n’a jamais su… elle avait compris… j’imagine, en filigrane… mon livre de compte sous le lit... A coup sur j’allais prendre le bouillon, elle m’apprit que la police était venue dans la matinée, m’avais convoqué, que j’étais au centre d’une affaire qui me dépassait, du haut de mes certitudes j’étais encore loin de savoir ce qui m’attendait.


Peu de remontrance au déjeuner, surement le calme avant la tempête, tout ça devait forcement tourner en eau de boudin. Lorsqu’elle m’accompagne au poste je ressens une blessure profonde, j’ai honte de la voir désemparée. Lorsque le mécanisme est enclenché rien ne peux le désengager, c’est le processus de culpabilité. On entre dans le commissariat, une chape de plomb s’abat sur ma tête, et à mieux y regarder, sur celle de ma mère également. A notre présentation, l’accueil appelle instantanément l’inspecteur en charge de l’enquête. Ce dernier arrive rapidement, par quelques mots indique à ma mère qu’il est préférable de m’attendre. Puis, il me prend en charge, comme si rien n’avait d’importance. Je suis décontenancé par l’attitude de ce poulet, il semble complètement indifférent à cette affaire, il suit simplement le processus de manière méthodique. Il prend mes empreintes, puis mon nom, me demande d’attendre sur le banc.


Je suis au beau milieu de cet univers glacial, le centre névralgique de ceux qui furent de minot à maintenant, mes ennemis. Je suis libre de tous mouvements mais scotché à ma place. Je suis dans l’envers du décor, j’attends et je marine patiemment. A ce moment là je pensais de toute mes forces, au piège dans lequel je m’étais fourré et à comment le mitonner [9]. Ils m’incarcéraient à la Spaggiari, sans armes, sans haines ni violences, c’était louche. Puis un homme est arrivé, providentiel s’il en est car je commençais à me morfondre, il me fit entrer dans son bureau bon gré mal gré.


L’interrogatoire commença, j’avais toute ma lucidité, j’avais compris, en pointillé, que Landry et moi n’étions que des pions dans l’enquête de ces policiers. Je tentais de noyer le poisson, habitué à jamais rien concéder face à l’autorité, un zeste d’arrogance pour faire plus stylé. Mais ensuite, quand il me fit entendre les écoutes, mon visage soudainement blêmit, le keuf sortait là un atout majeur de son jeu, je n’y avais pas songé. C’était le fruit d’une véritable investigation, et non un flag [10]. Les enregistrements téléphoniques me compromettait totalement, j’étais dessus avec Landry et Clinton, je reconnaissais distinctement les voix, c’était indéfendable. S’ils ne pouvaient pas monter en gamme c’était nous qu’ils prenaient. On voulait clairement me forcer à faire la poucave [11], je niais d’abord obstinément être au courant des noms des fournisseurs. Il y a eu ensuite des menaces, on m’a expliqué poliment ce que je risquais : la comparution immédiate et la tôle. En vérité j’ai n’ai pas hésité longtemps, on m’a mis sous les yeux les photos de Mohamadou, Moussa et Papiss Diarra, et je les ai balancé. Pendant que le flic tapait tout ça sur son ordinateur, moi, je réalisais que ca allait tourner vinaigre, les carottes étaient bel et bien cuites. J’était pris en tenaille, l’entretien fut bref car 4h plus tard j’étais dehors. Maman m’attendait encore, je ne pouvais plus me détacher de mon air livide, j’avais la nette sensation que les keufs m’avait bien cuisiné, s’étaient bien servis de moi, et que maintenant, en liberté, j’allais déguster.


En sortant je m’aperçus qu’il n’était encore que 18h. L’obscurité du monde extérieur formait un contraste saisissant avec l’intensité lumineuse des locaux de la police nationale. J’étais complètement abattu et mon destin s’était joué en quelques heures, le vent avait tourné. Mon regard était vague et je fixais le vide, je tombais de haut. Je rentrais avec ma mère dans la cité, les tours démesurées me rappelaient ma condition insignifiante. Il commença à pleuvoir, maman ouvrit son parapluie et m’abrita jusqu’à ce qu’on fut sous le porche… Une fois rentré je partais m’isoler dans ma chambre, ma mère me laissa seul. Je sortais de mon paquet ma dernière cigarette, puis jetant un œil par la fenêtre, je l’allumais. Je contemplais l’abysse dans laquelle je m’enfonçais, concrètement je mesurais la nature imparable des retombées toxiques, je savais qu’il y aurait vengeance.


Je rallumais mon portable machinalement, je voyais sans surprise sept appels en absence de la part de Landry. Je consultais ensuite mes messages, j’apprenais que les Diarra s’étaient fait arrêter, mais seulement ceux que j’avais reconnu sur les photos. Les flics avaient surement voulu cibler les gros bonnets, ils s’étaient lourdement fourvoyer, il n’y avait pas de véritable chef à la tête de ce clan, juste une fraternité délinquante. Croire qu’emprisonner quelques individus met fin aux affaires illicites est méconnaitre le caractère inéluctable de notre fatalité, nos existences sont dictées par tout un conditionnement. Innombrable est cette famille Diarra, cette fratrie sénégalaise est à elle seule une galaxie. Il y avait le père et ses femmes, toute une ribambelle de rejeton, les oncles et les tantes avec le même état d’esprit reproductif, un véritable comportement exponentiel. Toute cette corporation lavait pragmatiquement leur linge sale en famille. Théoriquement il y avait encore quatre autres frérots en liberté. Ces derniers prendraient inévitablement la relève, frapperaient les esprits pour ne pas se faire éclipser du bizness. Je le savais trop bien.


Aussi étrange que cela puisse paraitre le silence m’avais accompagné toute cette journée, il y avait du calme au cœur de tout ce tumulte. J’apparaissais impassible mais ce n’était pas du sang froid c’était une peur bleue et figée. Je tirais une barre sur ma cigarette et poussais un soupir. Au moment où j’envoyais valdinguer ma clope au loin avec mes espoirs, ma mère entra. Elle me sortis de ma torpeur, elle voulait me parler.


- « Tu dois partir mon fils ! » Me dit-elle avec gravité.

- « Pour aller où maman ? »

- « J’ai appelé ton grand oncle tout à l’heure, prépare tes affaires, tu prends le train pour Paris ce soir !»

- « Euh… c’est quoi ce plan ? J’vais faire quoi là bas ? »


Elle ne pris même pas la peine de répondre à mes interrogations, elle avait dû organiser ça pendant mon entrevu avec la police. Je n’avais pas la force de contester, je ne voulais pas la contrarier, je n’en avais pas le droit d’ailleurs, en plus je n’avais pas de plan B. Dans le dernier wagon qui m’emmenait sur la capitale je mégotais un stick [12] pour calmer mes angoisses, je voyais dehors des faisceaux lumineux qui défilaient à grande vitesse. Je m’enfuyais tout simplement. Quand je suis arrivé chez Hao il m’accueillit simplement en me disant :

- « Je suis heureux que tu sois là ».

- « Merci Hao » Lui répondis-je, confus.


Je ne suis jamais rentré à la cité, c’était trop dangereux. J’avais peur de me faire tuer. Ma mère est restée, Landry aussi, pour eux rien à signaler. Par contre Clinton, lui, roule désormais en fauteuil roulant, il a servi d’exemple, les gars l’ont carrément balancé du 3ème étage. Toutes ces embrouilles sont derrière moi maintenant, je n’ai pas envie de m’y attarder. Après mon arrivée à Paris, j’ai étudié, je n’avais plus que ça à faire car je ne pouvais plus sortir sans avoir l’appréhension de faire une mauvaise rencontre. Hao m’a fait revenir sur terre, j’ai irrigué mon cerveau à la lumière d’un nouveau prisme. J’ai renoué avec mes racines les plus profondément enfouies, c’était essentiel car je suis resté en état de choc pendant une longue période. Comme je vous l’ai déjà dit j’ai étudié, inlassablement, ce fut là mon exutoire. J’ai lu Les héritiers de Bourdieu en premier, ce fut pour moi une véritable révélation, j’ai ensuite lutté pour m’extirper culturellement de mon habitus. C’est aussi pour ça que j’ai choisis ensuite sociologie en première année de licence. J’ai écris mes travaux universitaires de manière empirique, cette démarche fut à chaque fois saluée par mes professeurs. Dans mon esprit Michel Foucault, Albert Camus et Henri Lefebvre faisaient paire avec Abd al Malik, Eric Marlière et La Rumeur. J’ai construit des ponts solides, je me suis destiné à jouer ce rôle passerelle, j’ai retrouvé dans les deux hémisphères des auteurs qui avaient ma sensibilité duelle et je les ai sacralisés.


Mais j’ai surtout basé ma vie sur un code moral, d’ailleurs largement influencé par Hao. J’ai travaillé à être en paix avec moi-même, et ceux afin d’être en harmonie dans les rapports humains. Je me suis restructuré à travers l’amour des autres, la loyauté, le discernement, le courage et la piété filiale. Si Confucius considère que l’homme naît bon, puis par la suite devient mauvais, moi j’ai pris cette route en sens inverse. Paris est une jungle impersonnelle bleu-grise, un paysage urbain riche en altérité, tout ne fut pas facile mais j’entrepris rapidement de m’y complaire.


Dès le départ l’oncle Hao m’a intrigué, à 84ans il faisait sa gymnastique tous les matins, il vivait en ignorant sa vieillesse, c’était extraordinaire. Il me traitait comme un fils, il m’offrait à chaque moment à marquer d’une pierre blanche une petite enveloppe rouge remplies d’argent. Alimentée par une nouvelle abondance culturelle mon identité s’étoffa, je devins un homme. Je mangeai le loc lac, les banh xeo et les raviolis avec appétit, je sais même les cuisiner aujourd’hui. J’appris l’existence de famille insoupçonnée et rêvais de les connaitre. J’allais au cinéma, aux concerts et au théâtre, je m’ouvrais sur le monde sans limites. Hao m’aimait, j’étais pour lui une fenêtre avec vue sur un large horizon, je lui racontait tout et sans enrobage, il comprenait même mon langage largement puisé de l’argot banlieusard. Hao fut le père que je n’ai jamais eu, un exemple et un sage. J’ai vécu longtemps avec lui, à son contact la vase devenait limpide. A force de travail mon esprit devint fertile. Je récoltais bientôt les fruits de ce que j’avais semé. Je faisais des rencontres tous les jours, je sortais avec des amis, on louait mon altruisme et ma patience envers autrui. Je bourgeonnais, je flirtais avec des filles, je croquais la vie.


Après le départ de Hao j’ai noyé mon amertume dans l’exaltation des sens. Puis, mon existence, tel un fleuve, suivit son lit avec sérénité. Bientôt je quitterai Paris, et à l’instar du grand delta du Mekong, je me jetterai alors tout entier dans l’immensité.





[1] Bordeliser ou pousser le professeur dans ses derniers retranchements


[2] Les barrettes ; ces morceaux de haschich finement découpés


[3] Les détaillants sont des revendeurs de haschich en petite quantité, profitant des prix de gros pour faire un peu de bénéfice.


[4] Un lourd est un kilo de haschisch.


[5]Une savonnette est une paquette de 100 grammes de haschisch.


[6] La CC c’est la cocaïne !


[7] Un bledard est une personne venant d’un pays d’émigration souvent sous-développé, ici le Cameroun.


[8] Les brousoufs sont des petites sommes d’argent.


[9] Mitonner signifie mentir


[10] Un flag est un le diminutif d’un flagrant délit


[11] La poucave est une personne qui se met à table, une balance.


[12] Un stick est un petit joint de haschich


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