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Entretien avec Yves Bouillé: Mettez le Vietnam à l'honneur

Yves Bouillé - traducteur et jury du Concours d'Ecriture "Vietnam aux 5 saisons".



1. Comment êtes-vous devenu traducteur? Quelles ont été vos motivations ?


Y.B: Je suis traducteur depuis 2012 suite à une proposition de Madame Doan Cam Thi qui dirige la collection Littérature vietnamienne contemporaine aux Editions Riveneuve. Thi connaissait mon désir de faire de la traduction et m’a confié deux titres pour la collection : «Parallèles » de Vu Dinh Giang et « Paris 11 août » de Thuân.

Ma motivation en tant que traducteur, c’est que j’aime la littérature bien sûr, l’écriture, le travail sur les mots, et c’est aussi un plaisir de pouvoir découvrir des textes forts grâce à ce travail et de pouvoir les retranscrire dans sa propre langue afin de les faire découvrir à un nouveau public.




2. Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées lors de la traduction ? Comment les avez-vous surpassées ? Y a-t-il des regrets après la publication de l’édition traduite ?


Y.B: « Parallèles » m’a donné davantage de difficultés, premièrement parce que c’était ma première traduction, deuxièmement parce que c’est un texte complexe et assez mystérieux. Pour surpasser cela, j’ai fait ce que beaucoup auraient fait : j’ai appelé mes amis natifs à la rescousse ! J’ai eu moins de difficultés avec « Paris 11 août» car c’est un texte plus compréhensible, plus ancré dans la vie quotidienne, et d’autre part j’ai eu la chance de pouvoir travailler avec Thuân sur le texte. Des regrets, non. De l’appréhension à l’approche de la publication oui, mais aucun regret.




3. Avez-vous rencontré directement les auteurs des livresque vous avez traduits? Il y a des fois, je trouve que « traduire c’esttrahir », comment évitez-vous la trahison d’un ouvrage littéraire ?


Y.B: Je n’ai pas eu la chance de rencontrer Vu Dinh Giang, car il vit au Vietnam et je n’y suis pas retourné depuis que j’ai commencé ce travail, par contre, comme je vous le disais, j’ai rencontré Thuân puisque nous avons travaillé ensemble sur son roman.

« Traduire,c’est trahir », peut-être, je ne sais pas. « Trahir » me parait un terme un peu fort, car l’adaptation à la langue cible est une nécessité.Pour moi, ce ne serait pas faire honneur à un texte de le traduire littéralement.

Essayez de traduire n’importe quel texte, et particulièrement entre deux langues aussi différentes que le vietnamien et le français, vous verrez qu’à certains moments, vous serez obligé de vous éloigner du texte original, tout simplement parce que certains mots, tournures ou notions du vietnamien n’existent pas en français, et vice versa. Je pense qu’il est du rôle du traducteur d’adapter un minimum le texte pour le rendre compréhensible et agréable à lire pour le public cible.

Par exemple : il est très courant en vietnamien littéraire de trouver deux,voire trois adjectifs synonymes les uns à la suite des autres. En vietnamien,ça passe bien, en français rarement. Dans ce cas, je ne garde qu’un seul mot.

Bien sûr, il faut rester le plus possible fidèle à l’idée et au sens, mais lorsque je rencontre un passage qui ne fonctionne pas en français, j’adapte. C’est parfois difficile, car on a effectivement ce sentiment de « déformer » un peul’original. Mais lors qu’on voit le résultat, c’est beaucoup plus fluide.




4. Ayant habité au Vietnam de 2008 à 2012, quels sont les changements dans vos impressions du Vietnam avant et après avoir expérimenté une vie vietnamienne dans ce pays ?


Y.B: Avant devenir y habiter, j’imaginais un pays très calme et très tranquille, ce qui est toujours vrai concernant la campagne. J’étais abreuvé des images de films et de mes lectures. Mais en arrivant à Ho Chi Minh Ville, j’ai vite senti que ça allait décoiffer !




5. Pourriez-vous partager avec les lecteurs quelques souvenirs et vos émotions de Vietnam, les traits, les particularités de la culture et de la vie quotidienne des Vietnamiens que vous avez découverts?


Y.B: C’est encore un vaste sujet, et il me sera tout aussi difficile de vous répondre. Ce qui le plus m’a frappé, c’est peut-être la facilité qu’ont les gens à entrer en contact, avec un grand naturel, ce qui est sans doute moins évident ici.




6. Généralement, j’ai l’impression qu’en France, les Français lisent beaucoup de livre quand ils ont du temps libre ou dans les transports en commun. A l’inverse, au Vietnam, le nombre de livres que nous lisons est limité.Avez-vous la même idée ? Comment les français peuvent-ils lire tant de livres ? Et combien de livres lisez-vous, nommez quelques livres que vous préférez ?


Y.B: Je partage votre avis ! De mémoire, en 4 années passées là-bas, je n’ai pas le souvenir d’avoir vu qui que ce soit tenir un livre entre ses mains. Et moi qui lisais beaucoup, on me disait souvent : « Mais pourquoi tu lis tous ces bouquins !? Ça ne sert à rien ! »

Je ne sais pas pourquoi nous aimons la lecture, chacun a ses propres raisons, ce peut être par plaisir, par soif de connaissance ou l’envie de s’évader…

Je ne saurais pas vous dire combien de livres je lis car je suis un piètre comptable.

Pour ce qui est des livres que j’aime, ce sont surtout des auteurs que j’apprécie en particulier : je suis un inconditionnel de Marguerite Duras et d’Amélie Nothomb. J’aime aussi beaucoup les auteurs japonais : Mishima, Tanizaki et plus récemment Murakami.




7. Quels sont vos genres littéraires préférés ? Et dites-moi le livre vietnamien que vous préférez jusqu’à maintenant.


Y.B: J’aime à peu près tous les genres, avec une préférence pour les romans courts.

En ce qui concerne les livres vietnamiens, j’aime beaucoup ceux de Thuân (Ce n’est paspar hasard que je l’ai traduite). Je ne sais pas lequel je préfère entre« China town » et « Paris 11 août », les deux me plaisent beaucoup. Thuân a un sens aigu de la dérision : elle est capable de raconter des choses assez tragiques et de les rendre comiques en un instant.




8. Que pensez-vous du concours d’écriture de la culture vietnamienne « Racontez-nous votre Vietnam » que la Médiathèque Jean-Pierre Melville de Paris et l'UGVF co-organisent ?Avez-vous des expectations pour ce concours, étant un membre du jury ?


Y.B: C’est bien sûr une belle idée et une belle initiative et je suis heureux d’y participer. C’est une bonne occasion de mettre le Vietnam à l’honneur. Il y a beaucoup d’évènements autour du Japon, de la Chine et de la Corée, mais le Vietnam a aussi sa place.

Et ce peut être une occasion pour de jeunes talents de se faire connaître.

Des attentes, surtout pas ! Je me laisse surprendre !





Bích Hồng

9/2015

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