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TOP10 - Texte en français: FR024

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Onirique, mais avant tout, complètement fortuite. Hormis le Japon, découvert au travers des œuvres littéraires de Murakami et que j’espère visiter prochainement, l’Asie ne m’avait jamais attiré… Sans raison particulière, sans à priori, juste ni envie, ni curiosité. Jusqu’à ce mois de janvier 2013, où, avec deux amies nous décidons de planifier un « grand » voyage pour la fin de l’année. Avec l’une d’elle, nous n’avons qu’un seul désir : partir loin, au soleil et près de la mer pour profiter chaque jour des plages de sable fin du bout du monde. Petit manque d’aventure et d’exotisme que notre troisième comparse de route ne valide pas du tout. Elle nous suggère alors le Vietnam… Le nom résonne dans ma tête : Vietnam, Vietnam… Mais pourquoi ? Jamais l’idée de partir à la découverte de ce pays ne m’avait traversé l’esprit. Trop loin, trop grand, trop vaste, trop éloigné de ma culture, de mes codes, de mes références… Quoiqu’il en soit, nous acceptons la proposition en moins de deux minutes et ce fut ma plus belle découverte, ma plus belle rencontre touristique, la plus grosse claque que je n’ai jamais prise.






Une rencontre onirique




Je n’avais pas encore posé le pied au sol que déjà je me sentie submergée par l’intensité de la vie que j’y percevais. 5h30. Le soleil commence à se lever et nous, à atterrir. En bas, à travers le hublot, les rizières laissent échapper des filets de méthane. Les deux roues vont et viennent dans tous les sens. Des hommes, avec ou sans casque, se dirigent vers un chantier près de l’aéroport d’Hanoi. Il est tôt, le soleil est presque au diapason et la vie vietnamienne a déjà commencé. Ou peut être ne s’arrête-t-elle jamais. Dans les rue de Hanoi, quelques voitures, mais surtout encore et toujours des deux roues. A deux en selle, à trois, à quatre, en famille, en couple ou entre amis, ici le deux roues fait foi…et loi ! Pour traverser, oubliez le passage piéton. Armez-vous de courage et de beaucoup de confiance et foncez en suivant une diagonale claire et directe sans jamais vous arrêter. Très important : ne jamais s’arrêter, ne jamais hésiter ! Ainsi, vous devriez atteindre votre point d’arrivée sans encombre. Sur les trottoirs, des hommes et des femmes, jeunes et âgées, prennent le petit déjeuner installés sur de petits tabourets. Le petit déjeuner, c’est comme le canard laqué, c’est sacré ! On ne peut pas s’en passer et on lui fait honneur : pho, riz, banh mi, canard… parfois il ressemble plus à un plat principal. Après 10h d’avion, un thé, des pancakes à la banane et un jus de pastèque semblent bien plus raisonnables. Mais le soir même nous nous adonnons à la cuisine de rue, l’une des spécialités de la capitale vietnamienne. Dans une ambiance festive et chaleureuse, notre cuisinière prépare un pho dans sa grosse marmite, juste devant nous, que nous savourons accompagné d’une bia hoi. La vie ici me plait déjà. Cette cacophonie, ces rues étroites, ces fils électriques qui menacent à chaque instant de nous tomber sur la tête (notamment dans les 36 rues de la vieille ville). Ces gens partout, à chaque moment. Tout va très vite, part dans tous les sens. A nous de suivre le mouvement et de se laisser embarquer dans cette effervescence. Sentiment paradoxal de vitesse mais aussi de lenteur. Les vietnamiens ne semblent pas si pressés mais ils vivent dans la rue et c’est cette impression de masse, de mouvement, de relief perpétuel qui nous donne cette sensation de vitesse. Tel ce vieil homme en train de faire la sieste sur son deux roues, tel autre se faisant tailler la barbe dans la rue ou encore tel autre en consultation chez son dentiste et qu’on peut apercevoir depuis la porte ouverte. Quoiqu’ils fassent, les vietnamiens le font à l’extérieur. Ils vivent les uns avec les autres et non pas les uns à côté des autres. Les commerçants, les restaurateurs ont pour la plupart des boutiques qui font également office d’habitation. Il n’est pas rare d’aller dans un petit restaurant où pour aller aux toilettes vous devez traverser la chambre d’un ancêtre qui vous salue au passage… Cette effervescence s’accompagne de couleurs. Des couleurs vives et chaudes qui nous entourent et nous appellent. Comme le pont rouge du Soleil Levant qui permet d’atteindre le Temple Ngoc Son sur le lac Hoàn Kiêm. Des demoiselles d’honneur vietnamiennes vêtues de robe jaune et bleu se faisaient, ce jour là, photographier sur le pont. Le moment semblait irréel, magique et les couleurs contrastaient avec le vert luxuriant alentour.



Le Vietnam s’écoute aussi… En visitant le temple de la Littérature, si l’on est attentif, on peut justement entendre Confucius murmurer « Il n’est pas nécessaire d’aller vite, le tout est de ne pas s’arrêter ». Il semblerait que les Vietnamiens se soient parfaitement appropriés cette citation. Le Vietnam se ressent et s’écoute aussi lorsque vous vous retrouvez seule au milieu de la baie de Bai Tu Long en direction de l’île de Van Don. Un coucher de soleil, un kayak et vous voilà envahit par une sensation de quiétude et de paix. Sentiment d’être seule au centre du monde, de l’univers. Seule à contempler ce sublime spectacle. On écoute le silence, on ressent cette beauté irréelle et unique.



Cette solitude est vite interrompue à notre arrivée à Hue. Nous embarquons de nouveaux compagnons de voyage : les treize Empereurs Nguyên. De Gia Long à Bao Dai, ils nous ont tous accompagné dans notre périple. Au bord de la Rivière des Parfums, dans la Cité impériale, près du tombeau de Tu Duc, de Kai Dinh, de Minh Mang, mais aussi aux abords de la pagode de la Dame Céleste… Ils sont là, près de nous, au-dessus de nous et nous montre le chemin. Là encore il faut écouter, être attentif pour sentir et tenter de comprendre toute l’histoire (les histoires) qui nous entourent. Est-ce eux qui nous ont apporté la pluie lors de notre passage à Hue ? Peut-être. Ou est-ce simplement que le mois d’octobre correspond à la saison orageuse dans le centre du Vietnam… Peu importe la réponse, il s’agit toujours de ressentir, de voir et d’écouter… Comme à Hoi An où, à l’instar de sa ville anagramme, j’ai été particulièrement touchée par les couleurs. Le rose de la Maison Quang Dong, les lampions en soie qui se reflètent sur le fleuve Thu Bon dès que le soleil commence à décliner. Les couleurs du marché avec ses fruits improbables, ses légumes ultra frais, ses poissons qui semblent encore vivant… Car évidemment, le Vietnam se goûte et se savoure aussi. Impossible de se lasser. La variété des plats, des saveurs, des mélanges est un vrai plaisir pour les papilles mais aussi pour les yeux. La gastronomie vietnamienne a été une autre belle découverte !



L’effervescence ressentie à Hanoi, je la ressentie à nouveau sur les marchés flottants du Delta du Mékong à Can Tho. Ces énormes bateaux chargés de tonnes de bananes ou tous ces petits bateaux qui se donnent rendez-vous au milieu de nulle part dans un « parking » flottant improvisé. Il faut être habile et attentif pour préparer des pho à même le bateau, transporter tous ces légumes et ces fruits et procéder à des échanges d’un bateau à l’autre. En tant que spectateur de ce grand marché flottant, on n’aperçoit que des corps courbés et des chapeaux coniques. Là, encore, des couleurs vives tout autour de nous et toujours ce contraste avec ce vert luxuriant. Ma rencontre « humaine » la plus touchante a eu lieu ici, à Can Tho. Une toute petite mamie vietnamienne qui nous suivaient dans la ville pour nous « vendre » la visite des marchés flottants en passant par un membre de sa famille. Elle ne parlait ni français, ni anglais mais par le sourire et par les gestes nous avons pu communiquer et nous comprendre. Le lendemain matin, à 4h45, elle était devant notre hôtel pour nous accompagner, main dans la main, à bon port…



Pour finir en douceur ce périple vietnamien et se réveiller de ce voyage onirique, le passage à Saigon tombait à point. Non pas que la ville ne soit pas belle et authentique, mais lorsque vous y débarquez après avoir parcouru le reste du pays, le choc est assez violent. Sensation d’atterrir dans une mégapole occidentale. Les bars sur les toits, les buildings, sans parler du « musée des horreurs »… vous sentez le retour arriver à grand pas. La foule est toujours là, le bruit est toujours là, l’effervescence est toujours là, mais vous ne parvenez plus à écouter, à ressentir, à goûter la douceur de vivre… Quelque chose s’est évaporé dans l’air, s’est perdu en cours de route… Avec le recul, cette transition après deux semaines complètes à vivre « à la vietnamienne » étaient sans doute nécessaire pour retrouver notre monde si différent sans traumatisme…


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